Le DMA modifie la performance de Google Search… mais pas comme les hôteliers l’auraient espéré
La Législation sur les Marchés Numériques (Digital Markets Act - DMA) devait créer des conditions concurrentielles plus équitables pour les hôtels sur le paysage numérique. Pour l'instant, elle semble avoir l'effet contraire.
Suite à la mise en place du DMA, Google apportait dès le mois de janvier plusieurs modifications importantes à la page de résultats de recherche d’hôtels. Notre dernière étude révèle que les conséquences sont pour l’instant préoccupantes pour les hôteliers.
Ainsi, le trafic organique et non payant vers les sites des hôtels a fortement chuté, au profit du trafic payant ce qui se traduit concrètement par une augmentation significative des coûts de distribution pour les hôtels situés en Europe ainsi que ceux ciblant une clientèle européenne.
Le DMA ou Législation sur les Marchés Numériques : de quoi s'agit-il ?
Le Digital Markets Act (DMA) ou Législation sur les Marchés Numériques (Digital Markets Act – DMA) est une nouvelle législation de la Commission européenne visant à réduire les pouvoirs des “contrôleurs d’accès” tels que les GAFA (Google, Apple, Facebook et Amazon). Son objectif annoncé est d’assurer une concurrence loyale afin d’élargir le choix des consommateurs dans le paysage numérique.
Pour les hôtels situés en Europe, le DMA devait créer des conditions concurrentielles plus équitables, leur apporter plus de transparence sur la manière d’améliorer leur classement et leur visibilité sur ces plateformes, et leur donner plus de contrôle sur la distribution en réduisant la dépendance aux OTAs.
Ce qui a changé sur les pages de résultats de recherche d'hôtels de Google
Bien que Google n’ait fourni aucune communication ni détail, nous avons observé plusieurs changements significatifs sur la page des résultats de recherche des hôtels, notamment :
- Les résultats organiques sont repoussés plus bas sur la page, les rendant moins visibles.
- L’ajout d’un nouveau bloc « Sites de Lieux » qui accorde plus d’espace aux agences de voyages en ligne (OTAs) et aux Metasearch.
Parmi les autres changements notables affectant l’expérience utilisateur, on relèvera :
- La modification des dates de séjour qui est plus compliquée : les dates ne sont plus cliquables directement dans l’écran de résultat
- La Google Maps qui n’est plus cliquable
- Les avis clients qui intègrent différents sources
Quel impact sur les ventes en ligne des hôtels ?
Nous avons analysé les données de trafic et de réservations en ligne d’un panel important d’hôtels indépendants et de groupes hôteliers situés dans l’UE. Ces données ont été collectées du 1er janvier 2024 (date d’entrée en vigueur de la plupart des modifications) au 28 avril 2024, et comparées à celles de la même période l’année précédente.
Principaux constats
1- Chute de la part du trafic gratuit
La part du chiffre d’affaires direct provenant du trafic gratuit sur Google a baissé, passant de 66 % à 57 %
Baisse de 20% du trafic organique : Le trafic organique (référencement naturel) vers les sites web des hôtels a baissé de 20 %, probablement en raison de la dégradation du positionnement des liens organiques dans les résultats de recherche comme expliqué dans le paragraphe précédent.
Chute de 32% du chiffre d’affaires provenant des Google Free Booking Links : Bien que nous n’ayons pas constaté de changement spécifique dans l’affichage ou le positionnement de ces liens, le nombre de clics a diminué de 41 % au cours de la période observée, probablement en raison des modifications apportées à l’affichage global de la page.
2- Augmentation de la part du trafic payant
La part du chiffre d’affaires direct provenant des campagnes payantes sur Google a fortement augmenté, passant de 34 % à 43 % avec Google Ads (Search) représentant 39 % des clics.
3- Des coûts de distribution en hausse pour les hôteliers
En raison de la baisse du trafic gratuit et de l’augmentation du trafic payant, les coûts de distribution directe des hôteliers ont augmenté de 18 % au cours de cette période, atteignant en moyenne 3,9 % du chiffre d’affaires. Bien que les coûts de distribution directe soient encore en moyenne trois fois inférieurs à ceux de la distribution indirecte, les marges des hôteliers en sont affectées.
4- Evolution du mix de la distribution directe/indirecte défavorable aux hôteliers
La part du chiffre d’affaires des réservations directes a diminué de 4,3 % et représente en moyenne désormais 28,1 % de leur chiffre d’affaires en ligne. En parallèle, la part des OTAs et des autres sources indirectes (essentiellement Hotelbeds) ont augmenté et représentent respectivement 62,7% et 9,1% du chiffre d’affaires en ligne des hôtels.
Compte tenu de l’augmentation de 11 % du chiffre d’affaires en ligne total sur cette période, il est possible que certains hôtels aient sous-estimé l’impact des changements de trafic, de chiffre d’affaires et de part de marché.
Répartition du chiffre d'affaires des réservations en ligne
Quelles conséquences pour les hôtels en Europe ou travaillant avec l’Europe?
A ce stade, il n’est pas encore certain que toutes ces modifications aient été directement causées par la réglementation DMA, ni si elles seront temporaires ou définitives. Il est possible que Google soit encore en phase de test et procède à d’autres ajustements.
Cependant, les conséquences sont bien réelles. À ce jour, les vrais gagnants de la réglementation DMA sont les contrôleurs d’accès et non les hôtels, ni les consommateurs. La modification récente des pages de recherches d’hôtels a accru la visibilité des OTAs et le chiffre d’affaires Google Ads, tandis qu’à l’inverse les hôtels ont perdu en visibilité, ont généré moins de trafic organique et ont vu leurs coûts de distribution augmenter.
Que peuvent faire les hôteliers ?
S’il est encore trop tôt pour procéder à de grands changements de stratégie, certaines actions peuvent être menées sans attendre :
- Suivre de près ses résultats. Il est important que chaque hôtel analyse l’incidence de ces modifications sur le trafic de son site web, le chiffre d’affaires des réservations, la composition des canaux de distribution et ses coûts d’acquisition.
- Augmenter son budget marketing digital. Nous l’avons vu, pour préserver sa distribution directe, il peut être nécessaire, au moins provisoirement, d’investir davantage dans la publicité payante, notamment dans la protection de marque. Celà afin d’assurer une meilleure visibilité dans les recherches et d’augmenter le trafic qualifié vers le site de l’hôtel.
- Travailler avec une agence de marketing digital. Mais pas n’importe laquelle. Privilégiez un partenaire expert ayant accès à des informations exclusives comme les Google Premier Partners. Votre agence doit être capable d’analyser les performances de votre établissement sur tous les canaux et d’adapter de façon ultra réactive votre stratégie de référencement (SEO) ainsi que l’efficacité de vos stratégies marketing et de distribution.
Ce n’est qu’un début : d’autres perturbations sont à prévoir
Le DMA a récemment ajouté Booking.com à la liste des contrôleurs d’accès. Compte tenu du poids dominant de Booking.com en Europe, il est possible que sa mise en conformité avec la réglementation DMA entraîne des changements importants en termes de distribution pour les hôtels.
De notre coté, nous allons continuer à suivre de près les évolutions du DMA et partager nos analyses et conseils aux hôteliers. Continuez à nous suivre!
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